Entretien avec une déportée     Survivre à Łódź 

01/11/2022

296 pages  16€          Commander ce livre                                                                                                      

Lorsque l'armée allemande envahit la Pologne, Virginia n'a que quinze ans. Jeune fille joyeuse et puérile, entourée d'une famille unie, et fusionnelle avec Izac son frère jumeau. Mais un matin de septembre 1939, sa vie bascule dans l'horreur. Les insultes, les vols et les agressions envers la communauté juive de Łódź deviendront quotidiennes, mais ne seront que les prémices d'une traque qui allait durer cinq longues années. Chassée de leur maison, la famille de Virginia sera hébergée chez l'ancien pharmacien dans le quartier du Baluty, lieu désigné par les nazis pour implanter l'un des plus grands ghettos de Pologne. La survie va alors devenir pour Virginia, un objectif permanent. 

Et vous, vous auriez fait quoi si vous aviez été juif ? 

Extraits 

Extrait

- Karl, comme le reste des habitants, vendait ou échangeait tout ce qui pouvait l'être. Nous ne savions pas où il trouvait ces graines, mais il en avait toujours en grande quantité et en pressant entre deux pierres plates ces semences, il en sortait une huile que l'on pouvait griller et que l'on échangeait contre un pain grossier et plat, à base de farine de seigle, enrichi de légumineuses, voire de sciures de bois. Tout ce qui pouvait se manger était mangé mais par le manque de nourriture et la fin de sa cagnotte, Simon finit par planter entre les ronces du jardin, des pois chiches et des pommes de terre, et dans la cabane pour les besoins, habitaient deux poussins qui deviendraient des poules afin d'obtenir un maximum d'œufs.  


Extrait

- Dès que j'en avais la possibilité, je cachais tout ce que je pouvais comme nourriture. Après qu'il ait terminé son repas, Wothmann s'enfermait dans son bureau, j'en profitais pour jeter par la fenêtre les aliments qui tombaient directement de l'autre côté de la palissade, dans la cour du camp. Comme me l'avait appris Izac, j'avais pris le temps d'étudier les heures de rondes des SS, les changements d'équipes des miradors et la fenêtre que j'avais choisie était à l'abri des regards indiscrets. Je savais que mes compatriotes juifs étaient en planque attendant que la nourriture leur tombe du ciel chaque jour à heure précise.

- Si un garde t'avais surprise à faire ça, tu aurais été immédiatement tuée.

- Certainement ! De toute façon, j'étais persuadée que cela arriverait un jour. J'avais posé la question à Wothmann ; son silence et son regard avait été suffisamment explicite. Ce que je vais te dire va peut-être te paraître étrange, mais au fil des jours, nos rapports étaient de plus en plus...

- Amicaux ?

- Je n'irais pas jusque-là, mais je n'avais plus la crainte de lui parler.

- Le Syndrome de Stockholm !

- J'ai entendu parler de ce phénomène où les otages et les victimes développent après une longue période avec leurs geôliers une sorte d'empathie vis-à-vis de ceux-ci, mais ce n'était pas mon cas. J'essayais de garder un lien amical, mais toujours distant simplement pour anticiper les réactions spontanés d'un SS. Il fallait faire durer le temps pour qu'il oublie qui j'étais réellement. Toutefois aux fils des semaines, il était de plus en plus tendu, stressé, et je pensais que le fait que je m'occupe de lui devait l'apaiser ; espérant surtout qu'il oublie que j'étais juive et qu'il devrait un jour m'éliminer comme les autres. Peu à peu j'ai amélioré nos conversations simplement en m'intéressant à lui, mais dès que je voulais en savoir plus sur ce qu'il faisait dans le camp où la suite de la guerre, son regard se noircissait, il se renfermait sur lui et m'ordonnait d'aller au grenier. 

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